Tic et Tac sont rouennais depuis toujours. Surtout Tic, car du côté de Tac, beaucoup de choses restent floues. Alors que je désespérais de désespérer tout en espérant déserter l’allée Eugène-Delacroix avant midi, avant qu’elle ne se transforme en forêt amazonienne, grand bouclier du réchauffement climatique, me voilà nez à nez avec les compères soucieux de défendre bec et ongles le projet de la canopée initié par les écologistes rouennais pour sauver la planète.

C’est Tic qui m’attaque en premier : « Oui, tu critiques toujours tout… patati, patata… », « la réalité est dans la rue… » patati, patata… « Pose-toi les bonnes questions… Tu devrais consulter. Bref, des vertes et des pas mûres », la ritournelle de Tic depuis 20 ans ! Quant à Tac, lui reste « punchy », dubitatif, serein, et me dit : « Tu n’es pas heureux dans la vie… Pète un coup ! Nous sommes le comité de défense de la canopée ! »
Tic et tac !
Pourquoi je m’offusque ?
La raison ? J’ai osé, sur les réseaux sociaux, critiquer la canopée, création divine selon les internautes écologistes. Certains vont même jusqu’à dire que cette canopée va sauver Rouen de la pollution. Franchement, il y a de quoi rire ! Où ont-ils pu lire une telle gabegie ? Sûrement pas dans les ouvrages de Dumont, l’un des fondateurs de l’écologie politique en France.
La canopée, un bon projet !
Oui, il faut le concéder, l’idée de reconstruire la « déco » de l’allée Eugène-Delacroix méritait d’être saluée. Pensez-vous : voilà des années que l’on devait se fader un décor sordide où des sièges en plastique grossier, affreux et inutilisables, pourrissaient l’existence des passants et des commerçants. Une création ratée qui coûta 250 000 €, voire 300 000 €, aux contribuables rouennais et dont le pognon partit à une société nantaise. Von-Von, le maire de l’époque, n’a pas eu le nez fin pour cette réalisation.
Donc, sur le papier, le projet actuel avait de l’intérêt. L’idée de donner de la voilure « herbofilaire » à une place rouennaise avait du chien ! Seulement voilà : le projet a coûté 1 200 000 € d’après les commerçants de l’allée ! Est-ce que l’on se rend bien compte de cette somme ? La ville avait-elle les moyens de se payer une telle dépense ? La question est posée ici ! Dans une ville qui connaît, comme toutes les villes françaises, le désengagement de l’État dans l’action sociale, on peut s’interroger sur la nécessité d’une telle initiative. S’interroger aussi sur l’impact écologique dans une ville qui subit les affres de la pollution et qui a besoin d’une programmation globale et réfléchie sur des projets efficaces et financièrement corrects.
Qu’en pensent les commerçants ?
Ils sont ravis du changement de déco. Seulement, le prix de la canopée les a offusqués. Ils n’ont pas compris une telle dépense : « Surtout que nous n’avons pas constaté une affluence plus importante de la clientèle. Nous restons sans voix face à une telle dépense », me confie une des restauratrices de l’allée.
Les passants apprécient
Il est clair que les humains en mouvement sont plutôt conquis par le concept. Effectivement, lorsque l’armature d’acier sera totalement recouverte de verdure, qui se développe à un rythme plutôt rapide, ils seront comblés ! Enfin, espérons que les pompes d’arrosage fonctionneront correctement (tiens, un truc à demander : combien cela coûte en eau, cette canopée ?), puisque déjà la pompe de l’armature centrale ne fonctionne pas toujours : « C’est comme ça depuis le début, et c’est pour cela que cette partie de la canopée est moins verdoyante », nous explique la restauratrice.

1 million 200 000 € pour cela ? Est-ce que ca vaut le coût ?
Le dispositif est une bonne idée comparé à ce qu’il y avait avant sur cette place et, au final, on oubliera le coût et on sera content de la réalisation. Et ce sera bien dommage, car franchement, comment peut-on encore se réclamer de gauche et soutenir les Rouennais socialement démunis quand on ose raquer 1 200 000 € pour un aménagement public ?
N’en déplaise au comité de défense de la canopée. Tic et Tac auront des soutiens et moi, on me traitera de vieux grincheux, certes, mais je maintiens ma critique et je signe !
Frédéric Quillet
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