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Le livre noir de Marine Caron

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Marine Caron est une personnalité politique de la ville de Rouen. Patronne de l’opposition au sein du conseil municipal, elle prépare les élections de mars 2026 depuis quelque temps. Pour cela, elle a créé un groupe de travail dynamique baptisé « Rouen A’venir ». Voilà que depuis quelque temps, l’équipe et les sympathisants caronistes se retrouvent pour des soirées à thème. Ce 2 avril, au All Sports Café de Rouen, une exception était faite. C’était le moment de dévoiler la première charge politique de l’ancienne padawan de Catherine Morin-Desailly contre Nicolas Mayer-Rossignol : Le Livre noir ou 17 ans de gestion municipale à Rouen.

« Ce document n’est pas un Rouen Bashing », affirme-t-elle d’entrée.

Problème : bashing est un terme anglais qui signifie le fait de frapper violemment, d’infliger une raclée. Par extension, il désigne le fait de dénigrer collectivement une personne ou un sujet. Voilà donc ce que ce document n’est pas, selon Marine Caron.

Livre noir : un terme spécifique

Sauf que lorsque vous cherchez la définition de livre noir, vous trouvez ceci :

« Livre noir » est le titre que l’on donne à un livre dont le but est de révéler ou de dénoncer un état de fait, des mensonges, des exactions ou des crimes réels ou supposés, en se basant sur des documents généralement secrets ou peu connus, ainsi que des témoignages. Le Livre noir a souvent une visée et une portée politiques et provoque des polémiques.

DONC, NOUS AVONS BIEN AFFAIRE À DU BASHING !

Soit Marine Caron ne connaît pas la définition des termes qu’elle emploie, soit elle s’est rendu compte un peu tard que livre noir était inapproprié et tente de noyer le poisson. Noyer le poisson un 2 avril, quelle idée !

D’ailleurs, dans sa communication annonçant la soirée, elle ne cite pas Le Livre noir, ce qui prouve qu’elle n’est pas à l’aise avec ce titre. Franchement, ce terme ne lui ressemble pas !

C’est quand même troublant de lancer une attaque politique contre une mairie avec un livre noir. Les élus municipaux de l’actuelle majorité seraient-ils des menteurs permanents ? Des voyous ? Marine Caron donne en tout cas l’impression de le penser.

Certains, dans l’assistance, le pensent complètement.

Et voilà qu’elle commence à parler de l’endettement de la mairie :

  • « Depuis 2008, la majorité endette la ville. »
  • Elle ajoute : « 17 années de gestion calamiteuse. »

Marine Caron a la mémoire courte.

Elle oublie de préciser que si les comptes de la mairie sont dans le rouge dès 2008, c’est en raison de la gestion calamiteuse de l’équipe précédente, formée notamment de Catherine Morin-Desailly et de Pierre Albertini. À cause de ces deux chefs de file de la majorité de l’époque, la mairie de Rouen a failli tomber sous la tutelle financière de la préfecture.

Alors, bien évidemment, l’année 2008 fut calamiteuse pour l’équipe de Valérie Fourneyron. Les emprunts toxiques ont torpillé la mandature de la gauche. Malgré l’excellent travail réalisé par Yvon Robert, la mairie sera à nouveau sous la menace d’une tutelle en 2014, toujours à cause de ces emprunts toxiques qui poursuivaient leur œuvre.

Dans son Livre noir, Marine Caron n’aborde pas la gestion désastreuse de Pierre Albertini et ses conséquences pour la gauche, qui reprenait les rênes en 2008. Comment peut-on ainsi détourner la réalité à des fins électorales ?

Encore heureux que j’étais là pour remettre l’église au milieu du village, sinon cela passait comme une lettre à la poste ! Pourtant, dans l’assistance, j’avais reconnu de vieux briscards qui connaissaient parfaitement la véritable histoire de la dette municipale, créée à l’origine par Albertini et Morin-Desailly. Se taire quand la cheffe dit une fausse vérité : quelle tristesse pour cette assistance.

Un raccourci bien pratique

Pour tenter de reprendre la main sur son analyse, Marine Caron repartira de 2020 et de la gestion de « Cui-Cui » (Mayer-Rossignol). Pourquoi pas ? Mais là, on ne parle plus de 17 ans, mais bien de 5 !

Des chiffres lancés sans explication

La soirée a aussi été le théâtre d’énoncés de chiffres sans aucune explication.

Par exemple, Marine Caron nous assène : « Il y a 7 500 logements vacants à Rouen. »

Et c’est tout ! Pourquoi ? On ne sait pas.

Là encore, je pose la question. Et fort heureusement, Frédéric Sanchez était là. L’ancien maire et ancien patron de la métropole nous a parfaitement expliqué les raisons de ce chiffre.

Je ne vais pas rentrer dans les détails, mais comment peut-on, encore une fois, balancer des chiffres sans explication ?

Le pire, c’est que personne dans la salle ne voulait savoir.

« Il y a 7 500 logements vacants ? Ok, merci, au revoir ! »

C’est ça, la politique aujourd’hui ? Faire des Livres noirs juste pour noircir un tableau, dans la grande tradition idéologique d’une droite qui ne cesse de pointer du doigt des bilans politiques en les affublant du titre Livre noir ?

À vrai dire, j’ai été très surpris, puis carrément déçu par cette soirée. Je ne m’attendais pas à un niveau politique aussi bas. On touchait le fond, sans compter les messes basses de mon voisin d’en face, un certain Jean-Yves, qui ne cessait de jacter des réflexions dignes d’un soutien de Marine Le Pen.

Je m’attendais à mieux de la part de Marine Caron et de Frédéric Sanchez, que je pensais bien plus enclin à élever « vénérablement » le débat.

Autant vous dire qu’on ne m’y reverra plus. Au grand soulagement de Marine Caron, à mon avis, qui m’a fait comprendre que je devais m’éclipser avant la fin, car c’était le moment de « parler entre membres de Rouen A’venir« .

Je ne me suis pas fait prier et j’ai moi-même proposé de partir… ce qu’elle a immédiatement encouragé. Finalement, elle a toujours un peu de la méthode Catherine Morin-Desailly en elle.

J’ajoute qu’étant le seul, l’unique à être parti de la salle pour l’ échange des  » entre-soi  » c’est la preuve formelle que Marine Caron n’a pas pour l’instant de capacité de rassemblement en dehors de sa cohorte de soutien.

Une soirée à oublier vite. et si Marine Caron pense qu’elle peut rassembler largement autour d’un livre noir, c’est très mal connaître l’électorat rouennais qui ne rentre pas dans ce type de fonctionnement !

Je me demande vraiment ce que Frédéric Sanchez fait dans ce groupe. Il mérite mieux !

Frédéric Quillet

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