Ah, les Gilets Jaunes. Quelle épopée. Quelle grande « révolte populaire ». Quelle réclamation
puissante de justice sociale… ou pas !? Le mouvement des gilets jaunes est apparu en France fin 2018.
Au départ, tout semblait noble : un cri du cœur contre la taxe carbone, contre l’essence trop
chère. L’essence ! Ce fluide noir que tout le monde déteste mais que personne n’est prêt à
lâcher. On aurait cru que la France entière s’était soudain réveillée marxiste… sauf que non.
Ce qu’elle voulait, c’était surtout pouvoir remplir son réservoir pour aller au Lidl, E.Leclerc, Ikea ou je ne sait quelle autres enseignes de méga -consommation. Une Révolution à 1,53€ le litre.
Leur colère ? Dirigée contre tout et n’importe quoi. Les riches, l’État, les journalistes, les impôts, le prix des clopes. Mais rarement contre le système de consommation qu’ils nourrissaient à chaque clic sur Amazon, Temu, Shein et autres sites marchands.
Ce qu’ils réclamaient, au fond, ce n’était pas un autre monde : « juste leur place dans celui-là »/ « être des consommateurs comme les autres », à part égale avec ceux qui consomment sans compter. Pas de renversement de table, non. Juste un siège en plus, SVP. Idéalement avec un coussin.
On a vu surgir des slogans en carton (jaune, bien sûr), des ronds-points redécorés comme des cabanes de scout mal finis, et une indignation toute fraîche, toute neuve, presque naïve.
Comme si le monde venait de les trahir personnellement !? La politique ? Tous pourris. Les syndicats ? Vendus. Les partis ? Morts.
La seule revendication qui tenait debout : « On veut vivre comme les autres. »
Entendez par là : faire le plein, bouffer au McDo, s’offrir un écran plat pendant le Black Friday sans saigner du porte-monnaie.
Pas de vision à long terme. Pas de projet de société. Juste une complainte continue de consommateurs frustrés. Le gilet jaune était moins un symbole de lutte qu’un uniforme d’usager en colère, coincé entre deux crédits à la consommation.
Une France périphérique, non pas oubliée, mais accrochée à une illusion : celle qu’elle avait droit, elle aussi, à sa part du rêve néolibéral. Et quand ce rêve s’éloigne, on crie à l’injustice.
On bloque les routes. On hurle sur les ronds-points. Mais surtout, on ne touche pas à la bagnole.
Alors non, ce n’était pas une révolution. C’était un caprice de masse, une insurrection sans idéologie, sans cap, sans lendemain. Un grand râle collectif, sincère peut-être, mais totalement
creux comme une coque de téléphone cassée sur le parking d’un Auchan.
Et maintenant ?
Plus rien. Le gilet fluo a rejoint le coffre, entre le triangle de signalisation et
le bidon de lave-glace. Le bruit s’est tu. Le vide est resté.
Docteur Mansour



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